L?école, un lieu d?éducation ? Un lieu d?instruction ?
Dans la continuité des conférences-débats mensuels, le thème de ce mois d?octobre concernait le rôle que jouent la famille et l?État par son système scolaire, dans l?éducation et l?instruction de nos enfants.
Mme Hanna L., présidente de notre association a présenté le sujet de la session ainsi : « Avant tout, il nous faut définir les termes « éducation » et « instruction ».
Dans le passé, la famille, l?école et les Églises (en Europe) ont partagé la responsabilité de l?éducation et de l?instruction. Aujourd?hui, notre société subit des transformations fondamentales : les piliers sur lesquelles elle reposait, tremblent dans leurs fondations : le mariage et la famille se désintègrent. L?absence de la religion dans l?éducation, l?influence croissante de l?État et des médias, etc., aboutissent à la confusion des valeurs et l?incapacité d?élever nos jeunes d?une manière saine et holistique.
De plus, notre société est devenue plus complexe que jamais auparavant, avec un multiculturalisme qui met notre système d?éducation au défi. En France, depuis la Révolution il y a deux siècles, les valeurs de la République (la laïcité = l?absence de tout enseignement religieux) sont centrales. La question se pose : les tentatives récentes de l?État pour introduire la théorie du genre dans sa forme la plus extrême dans le curriculum officiel, ne signifient-elles pas que l?État s?immisce dans la sphère privée de l?éducation réservée aux parents ? »
Elle a ensuite donné la parole à Mme Claire A., enseignante dans le primaire. Celle-ci a expliqué que le Ministère de l?Éducation fut jadis appelé le « Ministère de l?Instruction ». « Éducation » signifie élever la personne entière, comprenant ses capacités intellectuelles, émotionnelles et sociales d?une manière harmonieuse, tandis que l?« instruction » procure plus spécifiquement les savoirs (la connaissance intellectuelle) et les savoir-faire.
Donc, l?éducation vient d?abord et est donnée par les parents, la famille, voire d?autres groupes sociaux ou institutions renforçant les valeurs de ceux-ci. Elle relata ses expériences dans l?apprentissage de la lecture, de l?écriture et des calculs de très jeunes enfants. À cause de leur très jeune âge (entre 5-7 ans) et parce que les jours de classe ils passent plus de temps avec elle qu?avec leurs parents, elle se voit obligée de ne pas uniquement s?adresser à leurs capacités intellectuelles mais aussi à étayer leurs émotions ainsi que leurs savoir-faire relationnels. C?est pourquoi une frontière nette entre éducation et instruction ne peut être dressée, du moins pour cette catégorie d?âge d?enfants.
En plus, elle affirme que le « savoir-être » précède le « savoir ». Les enfants » qui ne se sentent pas bien dans leur peau », c'est-à-dire qui n?ont pas de stabilité émotionnelle et qui ont du mal s?intégrer et trouver leur place dans le groupe, éprouvent beaucoup de difficultés à absorber et à assimiler de nouvelles connaissances et savoir-faire. Une relation de confiance doit s?établir avec elle pour l?enfant accepte d?aller vers cet inconnu que sont ces nouveaux savoirs qu?elle veut leur transmettre.
Plusieurs réactions se sont manifestées dans l?assistance. Les participants partageaient leurs expériences de parents et d?anciens élèves et étudiants. Il fut observé qu?un certain nombre de parents actuels a presque démissionné de l?éducation de leurs enfants, à cause de la complexité de la tâche ajoutée à leurs responsabilités professionnelles, au manque de temps et autres défis tels que la recomposition de leur famille, ou parce qu?ils sont seuls à élever l?enfant, voire leur manque d?autorité, etc.
Puis, Mme Hanna L. demanda si on pouvait formuler des solutions à ce dilemme ? Les suggestions suivantes ont résulté de la discussion qui dépassait largement 22 heures.
Ne devrait-on pas créer une école des parents ? Comment cela se fait qu?on a des écoles et diplômes pour toutes autres choses dans notre société, mais pas pour cette activité fondamentale ?
L?État et la société dans son ensemble devrait reconnaître la valeur et la responsabilité de la famille dans l?éducation de ses futurs citoyens. Cela mettra aussi un terme à l?ingérence de l?État dans la sphère privée des parents et dans l?éducation par la famille.
Des amendements devraient être faits dans le système du travail et de la retraite pour des mères qui désirent mettre en veille leurs carrières professionnelles afin d?éduquer leurs enfants de bas âge ; ou bien un système de travail à domicile devrait être valorisé plus pour elles.
Un système de valeurs universellement partagées devrait être établi en plus des valeurs républicaines qui peuvent être enseignés dans les classes multiculturelles.
En conclusion, nous n?avons pas résolu toutes les questions que nous nous sommes posés mais les échanges entre nous et le partage de nos expériences nous a permis de réfléchir et de devenir, espérons-le, de meilleurs parents, de meilleurs éducateurs et des personnes plus responsables.
